- soudard
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♢ (1654) Mod. et littér. Homme de guerre brutal, grossier. ⇒ reître. « Les mauvais penchants du soudard : il était devenu brutal, buveur, fumeur » (Balzac).soudardn. m. Péjor. Soldat grossier et brutal.⇒SOUDARD, subst. masc.A. — HIST. MILIT. Soldat (mercenaire), homme de guerre. Vieux soudard; troupe de soudards. Gilles de Rais se divise (...) en trois êtres qui diffèrent. D'abord le soudard brave et pieux. Puis l'artiste raffiné et criminel. Enfin, le pêcheur qui se repent (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 96). L'illustre Tartaglia dont les soudards français de Gaston de Foix avaient ravagé horriblement la face (ARNOUX, Seigneur, 1955, p. 55). V. reître B 1 ex. de Rostand.B. — P. ext., péj.1. Soldat, militaire. Des ministres à plat ventre sous la botte des soudards (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 473). Un général vaincu (...) le militaire imbécile (...) ce soudard infirme et abêti, qui, à l'audience, se perdait dans ses cartes comme il s'était perdu là-bas dans les plaines du Nord (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 113).2. Homme de guerre brutal et grossier. Synon. reître. Allure, brutalité, habitudes, langage, manières, mine, violence de soudard; être un vrai soudard; se comporter en soudard. Les moindres événements de ce voyage [au Texas] avaient développé chez Philippe les mauvais penchants du soudard: il était devenu brutal, buveur, fumeur, personnel, impoli (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 288). Le commandant se leva, et (...) une série de toasts commença, des toasts d'une galanterie de soudards et de pochards, mêlés de plaisanteries obscènes, rendues plus brutales encore par l'ignorance de la langue (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Fifi, 1881, p. 163).— Empl. adj., rare. Qui est propre à un homme de guerre brutal et grossier. Air soudard. Leurs franchises soudardes cachaient un délicieux trouble de cœur (D'ESPARBÈS, Demi-soldes, 1889, p. XVI).REM. Souldoyer, soudoyer, subst. masc., hist. milit., synon. arch. (supra A). Les échevins (...) compriment les émeutes avec des archers, louent des souldoyers (MICHELET, Journal, 1842, p. 415). Du dos d'âne où se pressaient les soudoyers armagnacs, volèrent vers elle les injures et les flèches (FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 83).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. dep. 1694: soudard; Ac. 1798-1878: soudard, -dart, v. aussi LAND. 1834, GATTEL 1841, LITTRÉ, DG. Étymol. et Hist. 1. 1352-56 souldar « soldat » (JEAN LE BEL, Chron., chap. 26, éd. J. Viard et E. Déprez, t. 1, p. 130); 2. 1587 péj. soudard synon. de bravache (LA NOUE, Disc. pol., p. 194 ds LITTRÉ); 1608 « soldat brutal et indiscipliné » (M. RÉGNIER, Disc. au roy ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 120, 126: On a vu tant de fois la jeunesse trompée De tes enfans passez au tranchant de l'espée, Tes filles sans honneur errer de toutes pars, Ta maison et tes biens saccagez des soldars). Dér. de l'a. et m. fr. soldee, sou(l)dee (solde1); suff. -ard. S'est spécialisé au sens « soldat brutal et indiscipliné » en raison de son suff. péj. (cf. pillard) et a été supplanté au sens 1 par soldat. Voir FEW t. 12, p. 53 et p. 57. Fréq. abs. littér.:81. Bbg. GLASER (K.). Le Sens péjoratif du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, p. 938.
soudard [sudaʀ] n. m.ÉTYM. Fin XIVe; souldard, av. 1370; de soude « solde ». → Soudoyer, solde; on écrivait aussi soudart, au XVIIe.❖1 (Jusqu'au XVIIe). Vx (ou par archaïsme, dans un contexte historique…). Soldat, mercenaire (→ Intellect, cit. 1; rapière, cit. 2; replier, cit. 6).0.1 Il regarda celui qui s'avançait, et vit,Comme le roi Saül lorsque apparut David,Une espèce d'enfant au teint rose, aux mains blanches,Que d'abord les soudards dont l'estoc bat les hanchesPrirent pour une fille habillée en garçon (…)Hugo, la Légende des siècles, X, III.0.2 Permettez-le-nous, messire, qui n'êtes point soudard étranger, mais bien fils de ces pays.Charles de Coster, la Légende d'Ulenspiegel, in Littératures de langue franç. hors de France, p. 212.2 (1587). Homme de guerre brutal, grossier. ⇒ Reître, traîneur (de sabre).1 (…) les moindres événements de ce voyage avaient développé chez Philippe les mauvais penchants du soudard : il était devenu brutal, buveur, fumeur, personnel, impoli; la misère et les souffrances physiques l'avaient dépravé.Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 880.2 (…) pareils aux clameurs enragéesDe soudards écumants qui montent à l'assaut.Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Lévrier de Magnus », IV.
Encyclopédie Universelle. 2012.